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intellectuelles de la conquête, trop nettement saisi le lien de cause à effet qui s’établit tout au cours de notre histoire entre le tarissement des sources de vie française et le rétrécissement graduel du domaine de la langue à l’expression de quelques besoins usuels élémentaires, de quelques sentiments primitifs, de quelques idées voisines des poussées de l’instinct animal, — il a trop bien vu et touché du doigt tout cela pour ne pas comprendre l’urgence de remettre toute notre classe dirigeante à l’école française. Il sait également que jamais les circonstances ne furent plus propices à ce rapprochement. Que dis-je, lui que l’observation logique des événements a conduit à l’idée d’un État français sur le Saint-Laurent pendant que des écrivains non moins patriotes, mais inconséquents, se perdaient dans des rêves d’indépendance pancanadienne contraires à tous nos intérêts traditionnels, sa probité d’historien lui interdit d’ignorer de quelles combinaisons naissent les petits États, et quel parti, même politique, pourrait peut-être nous valoir un jour l’amitié de la France. Les peuples vivent longtemps. La Pologne aussi fut longtemps oubliée, son heure est venue. N’a-t-il pas d’ailleurs écrit : « Il ne s’agit point, comme on nous le fait dire stupidement, de cesser nos relations avec la France et de prétendre à une sorte d’indépendance intellectuelle » ? Et ceci encore, qui devrait être inscrit en lettres d’or dans tous les cercles d’étude de notre jeunesse : « Il importe à notre durée que les