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devant l’abbé Groulx avait joué le folklore au Monument National, posé pour le cinéma, conté des histoires devant le « radio » de la Presse. Il y a de très belles pages dans le recueil, ne fût-ce que le Dernier voyage, d’une observation tout à fait juste et d’une émotion poignante. Je ne crois pas que la louange doive aller plus loin. Quant à l’Appel de la race, M. du Roure l’appelle, en même temps qu’un roman à clef et un roman à thèse, un roman régionaliste. Il est à craindre que cette opinion ne lui reste pour compte, comme beaucoup d’autres : des écoles qu’on défend, des familles que le désaccord des intérêts moraux désunit, cela se voit en tous pays.

Sa plus belle littérature régionaliste, l’abbé Groulx l’a produite au fil de la plume, tout naturellement, quand son travail d’historien le mettait en contact avec le tréfonds de l’âme nationale. Mesdames et Messieurs, n’attachez pas une importance excessive aux observations qui précèdent. Elles étaient nécessaires pour donner sa pleine valeur au jugement qui va suivre.

Avec la clairvoyance, la qualité maîtresse de l’œuvre historique de l’abbé Groulx, c’est la vie. Pareil don d’évocation ne s’est rencontré chez aucun de ses devanciers. Il sait voir, et il sait rendre. Chez cet historien de l’action et des mouvements collectifs, les portraits individuels sont rares. Exception faite de celui de Murray, étonnant raccourci de quelques lignes, l’œuvre à vrai dire n’en présente aucun. Cette