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Sans s’en apercevoir, M. Chapais écrit de l’histoire pour fonctionnaires. Il prépare aux examens d’aptitudes administratives, mais à des examens dont les épreuves seraient préparées par M. Adam Shortt. Avec cela une certaine allure, et par-ci par-là des morceaux de bravoure qui ressemblent fort à de l’éloquence. Mais ce qui coule de sa plume polie et facile, c’est un fleuve de Léthé qui en jetant l’oubli dans les esprits fera des Canadiens-Français une race de ronds-de-cuir loyalistes. Pour son châtiment, il devra consacrer la dernière partie de sa vie à combattre, dans le domaine national et religieux, des abus de pouvoir qu’il nous présente ailleurs comme des choses toutes naturelles, voire d’insignes bienfaits des puissances célestes. L’histoire de l’abbé Groulx est le torrent aux eaux fraîches qui vient de la montagne ; il charrie des herbes, des racines, le bois mort d’une légende historique comme celui de la souveraineté politique de la Pompadour, mais une jeune race peut y boire et s’y baigner en toute confiance, dans la certitude qu’on n’en a pas empoisonné les eaux avec des fonds d’encrier des « pères » de la Confédération.

De l’abbé Groulx écrivain, on se ferait une idée grotesquement erronée par les critiques de MM. du Roure, Roy et de Montigny, et une idée fort imparfaite par les brèves citations que nous avons faites de lui jusqu’ici. Sur ce chapitre encore, nous essaierons de donner son compte à la vérité.