rence au Canada, parce que, disait-il, « en voulant mettre la main sur un vaste territoire nous courrons le risque de perdre celui que nous avons. » Au cours des délibérations de 1774, Wedderburn, Thurlow, prenant à leur compte l’opinion de Carleton, qui avait été aussi celle de Murray, déclare que jamais les Anglais ne pourront faire de colonisation au Canada, sauf pour la traite ; c’est même une des raisons avouées de leur libéralité relative envers la Nouvelle-France. Dans le même débat, un autre collègue de lord North, lord Dartmouth, déclare de son côté, au sujet du rétablissement partiel des frontières de 1763, que le gouvernement britannique a pris ses mesures pour garder le Canada exclusivement français, fermé aux Américains et aux émigrants d’Irlande et de Grande-Bretagne. Le vaillant Chartier de Lotbinière, se présentant à la barre de la Chambre pour y plaider la cause de ses compatriotes, n’étonnera personne, mais au contraire exprimera, semble-t-il, le sentiment unanime de ses auditeurs, en disant que jamais l’anglais ne sera d’usage général en notre pays. Comment Louis XV aurait-il pu pronostiquer plus juste ?
N’essayons donc pas de résumer cent cinquante ans d’histoire économique, politique et militaire par les « quelques arpents de neige » du « vieillard lubrique, » comme l’appelle M. l’abbé Groulx. Tout ce que nous avons de bon, nous