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Français du XVIIIe siècle aurait vu plus clair dans l’avenir de notre pays que nous ne voyons clair, nous de la province de Québec, dans celui du Canada central et occidental. Les Esquisses du Nord-Ouest de monseigneur Taché ont paru il y a un demi-siècle. Depuis bientôt quarante ans nous sommes reliés par chemin de fer et par télégraphe au Manitoba et aux territoires où se sont formés depuis l’Alberta et la Saskatchewan. Et nous n’avons pas encore pu mettre trois de nos députés d’accord, je ne dirai pas sur la nécessité, mais sur l’opportunité d’une politique quelconque, favorable ou défavorable, positive ou négative, touchant l’envoi de colons dans l’Ouest. Et nous sommes à trois jours de Winnipeg par chemin de fer et à dix minutes par télégraphe, tandis que Voltaire, par le seul moyen des communications du temps, était à plusieurs semaines de Québec. Il y a dans les Illinois, au fond du Kansas, des colonies de langue française issues de notre chair ; celles de Bourbonnais et de Kankakee comptent à elles seules plusieurs milliers d’âmes : combien d’entre nous connaissent leur existence, et quelles marques de sympathie leur avons-nous jamais données ?

Que Louis XV n’ait pas compris toute l’importance économique du Canada, la chose est possible, voire probable. La nouvelle école des économistes condamnait les colonies comme inutiles. Quesnay, qui influençait de très près le roi, disait : « Un grand commerce extérieur n’est