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quelquefois les colons de la Nouvelle-Angleterre, nous avons le témoignage de Bancroft :

L’enlèvement d’êtres humains, dit-il, était devenu chose ordinaire à Bristol, et, on transportait, au-delà de l’Atlantique non seulement les criminels, mais des jeunes gens ou autres, afin de les vendre pour de l’argent… Ce commerce était excessivement lucratif, bien plus lucratif même que la traite des esclaves, et il existait depuis des années.

Au contraire, quand on voudra faire venir au Canada, comme remède temporaire au manque de main-d’œuvre, quelques centaines de contrebandiers et de faux-saulniers, il faudra vaincre une opposition très énergique du Régent. Et si nous nous réjouissons de cette rigueur dans le choix des colons, ne blâmons pas trop la France de ne pas nous avoir envoyé plus de monde.

Les maladies épidémiques prennent sous nos latitudes une plus grande gravité. Les nouveaux venus se font assez vite au climat, mais la première impression est souvent désastreuse : il n’est que de lire à ce sujet les ordonnances sur la désertion des engagés.[1] Enfin, nos ancêtres pratiquent avec une espèce de rage la folie de la dispersion, même quand les gouverneurs et les intendants prennent toute sorte de mesures contre ce danger.

En voilà assez, il me semble, pour expliquer bien des choses. J’irai plus loin. Au risque de vous scandaliser tous, je demanderai pourquoi le

  1. Aujourd’hui encore, sur trois immigrés au Canada, deux s’en vont aux États-Unis. — O. A.