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les secrets de l’État, c’est qu’elle était la confidente du souverain et l’intermédiaire aimable et facile entre le Roi et quelques-uns de ses ministres. Elle comprenait, du reste, et soutenait les intérêts de Louis XV. Mais il n’y avait point en elle l’étoffe de ses contemporaines au pouvoir : Catherine la Grande et Marie-Thérèse. Encore la mit-on à l’écart de cette diplomatie occulte dont Conti était alors le chef ; et elle le jalousait à cause de son intimité avec le maître.

Cette version s’accorde en tous points avec celle de l’historien de Madame de Pompadour, M. Pierre de Nolhac.

N’acceptons pas non plus trop vite les jugements sommaires et partiaux des historiens révolutionnaires sur la politique étrangère de Louis XV.

Frédéric II, dira M. Jacques Bainville dans son Histoire de deux peuples, conservait la Silésie comme nous conservions toutes nos possessions continentales : la seconde guerre de Sept ans à ce point de vue n’avait eu aucun résultat, ne procurait à la France aucun avantage matériel. C’est de nos jours seulement qu’on a pu se rendre compte qu’en arrêtant, le progrès de Frédéric II en Allemagne, en interdisant aux Hohenzollern de mettre la main sur l’Europe, cette guerre n’avait pas été tout-à-fait stérile…

Nous gardions, dit Flassan, dans les riches Antilles, la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Domingue ; l’île de Cayenne et la Guyane ; dans l’Orient, les îles de France et de Bourbon ; Gorée[1] en Afrique. Tout cela était plus que suffisant pour donner à la France un rang distingué parmi les nations naviguantes, et, en effet, son commerce plus concentré remonta bientôt à un degré de splendeur qui lui fit oublier ses pertes. En résumé, la paix de 1763 était nécessaire et adroite en la considérant par rapport aux malheureuses circonstances où on la fit, puisqu’elle ne privait pas la France de ses ressources essentielles et de ce qui la constituait puissance maritime.

Nous aurons terminé notre rectification

  1. Le Sénégal. — O. A.