Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47

après son mariage il gardait encore une pureté de mœurs absolue. L’histoire note également que, sauf le scandale de son existence, il fut jusqu’à sa mort un père de famille modèle. Les mœurs du temps à part, le caractère singulier d’une épouse qui n’exprima jamais le désir de revoir ses filles, envoyées dès leur bas âge à Fontevrault, contribua peut-être au dérèglement de sa vie privée. Il y a encore ceci que ses maîtresses, contrairement à celles de M. Briand, ont laissé à la France un patrimoine artistique qui fait aujourd’hui plus que jamais l’admiration de l’étranger. Les faiblesses morales de Louis XV admises, cependant, il reste que Madame de Pompadour n’eut à peu près rien à dire dans la politique extérieure du roi. Ou si elle s’en occupa, ce fut uniquement pour se faire valoir auprès des diplomates et des courtisans. Là-dessus, je ne saurais mieux faire que de vous renvoyer à l’excellente Vie de Louis XV publiée l’année dernière chez Émile-Paul Frères, à Paris, par M. Claude Saint-André.

Luynes, dans ses mémoires, raconte qu’en 1753 la favorite, voyant Louis XV s’éloigner d’elle sous le double empire de la religion et des affections domestiques, fit rapprocher son appartement de celui du roi. L’intègre d’Argenson écrit de son côté qu’à partir de ce jour elle s’initia à la politique « à tort et à travers. » Mais M. Saint-André fait observer à ce propos :

Il faut vite dire qu’elle n’aura d’influence ni en bien ni en mal sur les destinées du royaume. Si elle fut dans