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ce contre Louis XV, contre Louis XVI, et contre tous ceux qui, avec ces rois bien français, voyaient au contraire le salut politique du pays dans l’alliance avec l’Autriche, devenue inoffensive, tout au plus bonne, après Marie-Thérèse, pour jouer dans les affaires internationales un rôle de George Dandin. Fermer les yeux sur ce fait historique, c’est perdre aux trois quarts le sens de toute l’histoire moderne depuis Louis XV. Mais ce que Voltaire a dit du Canada est encore son moindre crime : ses « arpents de neige » étaient d’un homme léger, qui n’y était pas allé voir.

Sur la toute-puissance politique de la Pompadour, l’inventif génie de Voltaire a créé une légende — car c’est encore ce gredin aux multiples pseudonymes qui l’a créée, tout en prodiguant les plus basses flatteries à la favorite — une légende, dis-je, autrement dangereuse et pernicieuse pour la France, sinon pour nous-mêmes, et qu’il ne pouvait pas ne pas savoir fausse.

Comme tous ses prédécesseurs au trône de France, exception faite de saint Louis et peut-être d’un ou deux autres ; comme la plupart des chefs d’État français qui sont venus après lui ; comme tous les souverains étrangers ses contemporains ; comme tous les souverains mâles d’Angleterre depuis une demi-douzaine de siècles jusqu’à nos jours, — lesquels ne se comportaient ni mieux ni plus mal que les souverains femelles — Louis XV eut des maîtresses. L’histoire impartiale et véridique enregistre que plusieurs années