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ièmement que peu de temps après la conquête tout le papier des colons était passé aux mains des agioteurs anglais, on se demandera si l’épithète de « royal banqueroutier » décernée au roi — au roi qui ne trouvait à l’opération aucun bénéfice personnel — n’est pas une simple outrance de pamphlétaire. Quant à Bigot, son cas tiendra en quelques mots. Son péculat avait duré vingt ans, sous les yeux d’un personnel administratif presque entièrement canadien. Condamné à rembourser, il fut banni à vie et tous ses biens confisqués. De nos jours il serait décoré par Lloyd George ou Bonar Law, fait ministre par M. Meighen ou M. Mackenzie King. On reconnaîtrait tout cela que la gloire de nos lendemains de conquête n’en serait nullement diminuée.

Mais alors, Voltaire, la Pompadour ?…

Mesdames et Messieurs, il y avait en effet au XVIIIe siècle un chenapan qui s’appelait Voltaire. Pendant qu’il écrivait des odes et des livres à la louange du roi pour faire tolérer la publication de ses ouvrages en France — ce qu’il n’obtenait pas toujours, puisqu’il dut par prudence se faire éditer la plupart du temps et passer une partie de sa vie à l’étranger — il écrivait d’autres poèmes, d’autres ouvrages à la louange de Frédéric II, protagoniste du libre-examen, protecteur de l’école encyclopédiste et ennemi de la France. C’est à cette vieille canaille et à quelques autres que l’Allemagne doit la bonne fortune d’avoir eu si longtemps un parti en Fran-