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naîtra encore, « la diplomatie française, à Québec et à Montréal comme à Paris, avait posé ses conditions et réservé nos droits essentiels. » On nous opposera peut-être le mot de Choiseul après la signature du traité de Paris : « Enfin, nous les avons mis dedans. » Ainsi, dira-t-on, se marquait l’intention préméditée de la métropole de renoncer à sa colonie. Mais outre que le mot de Choiseul peut fort bien, dans les circonstances, s’attribuer à la satisfaction d’avoir tiré le meilleur parti possible d’une situation désespérée, la clairvoyance du ministre éclatera à la lumière des événements subséquents, puisque c’est l’excès même de la puissance coloniale anglaise qui amènera treize ans plus tard la révolte des colonies américaines. Après cela, est-il vrai que la France ait oublié aussitôt cette page de son histoire ? Regrettons d’en trouver l’affirmation, du moins implicite, dans la Naissance d’une race, quand le contraire éclate en vingt pages différentes des Lendemains de Conquête et de Vers l’Émancipation. Pendant trois ans au moins, la France fait tout ce qu’elle peut pour rapatrier les Canadiens, et si ces tentatives restent sans résultat, c’est que la distance, une longue séparation, ont créé chez les colons de la Nouvelle-France un état d’esprit et des intérêts matériels qui ne s’accommoderaient plus du rapatriement. Le roi et ses ministres font l’impossible pour sauver la petite Église de la Nouvelle-France ; Mgr Briand reconnaît que c’est à l’abbé de la