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qu’il a, dans un ouvrage pourtant imprégné de sympathie, constaté l’indéniable oubli de notre peuple pour ses morts.

Pour mieux expliquer la croissance du sentiment autonomiste dans la colonie, la naissance de la race canadienne-française, M. Groulx se croit justifiable de rééditer les yeux fermés les affirmations de ses prédécesseurs sur l’abandon de la colonie par la France. Ici, la récrimination prend le ton et les proportions d’un réquisitoire : « Celui qui fait l’opinion sur le Canada, c’est Voltaire. » — « La Pompadour dirige la politique. » — « Les plans de campagne (de la guerre de Sept ans) sont ébauchés par les ministres, les hommes de guerre, mais complétés et infailliblement révisés par la Pompadour. » — « Le prestige de la métropole descend chaque jour avec les sottes aventures de sa cour et de ses généraux de boudoir. » — Louis XV, en remboursant le papier-monnaie de la manière qu’il le fit, mérita le nom de « royal banqueroutier. » — La France est « imprévoyante » et sa politique « trop étroitement européenne. » — À tout cela joignons l’inintelligence que la France aurait presque toujours montrée des besoins de la colonie.

Le dossier est chargé ; voyons un peu ce qu’il convient d’en penser.

La guerre de Trente ans à peine terminée, qui fut pour elle affaire de vie ou de mort, sont venues successivement pour la France la guerre d’Espagne, la guerre de Hollande, la