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L’étude des trois quarts de siècle qui suivent ne feront que le confirmer dans cette conclusion. Le régime anglais a ruiné presque totalement l’instruction publique. Il a détruit notre meilleur cadre social, la petite noblesse terrienne. Il a faussé et détraqué notre système de colonisation, avili la justice. Partial envers le commerce, il a négligé l’agriculture, qui faute de renouveler et de perfectionner ses méthodes, comme fit celle de France aux environs de 1780, appauvrit la terre, laisse l’habitant mécontent de son sort, prêt pour les grandes émigrations à Montréal et aux États-Unis. Même quand il respecte théoriquement notre langue, il y substitue en pratique dans l’administration judiciaire, la législation, le commerce, l’industrie, un jargon innommable. Que nous donne-t-il en retour ? — Le droit pénal anglais, le parlementarisme. Ce ne sont pas de pareils biens qui compensent pour une race le sabotage séculaire de quelques-unes de ses institutions et de ses traditions vitales. Le moins que l’on puisse dire, c’est que pendant près d’un siècle nous avons dû dépenser nos forces pour conserver une partie de ce que nous avions déjà.

1848 marque aux yeux de M. Groulx une date glorieuse. De ce moment, maîtres chez nous, « un des peuples les plus libres du monde, » il n’en tiendra qu’à nous de nous gouverner selon nos intérêts. Presque aussitôt, cependant, le Haut-Canada s’agite. Sous l’influence de l’im-