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terriennes continue de s’éloigner des sages principes sur lesquels le roi de France l’avait fondé ; partout, à travers le pays, on taille aux favoris du pouvoir, à même le domaine de la couronne, sans conditions, de véritables principautés qui bouleversent toute l’économie de la colonisation.[1] Quoi d’étonnant que de tels abus aient provoqué la résistance des nouveaux sujets ? Quand la lutte cessera, en 1848, le peuple canadien-français aura successivement fait passer dans les lois ou dans la pratique la suprématie de la Chambre basse en matière financière, la responsabilité du cabinet aux Chambres, la liberté de l’enseignement catholique et français, l’égalité des deux langues dans la législation et l’administration. Ces concessions furent-elles, comme certains le prétendent plus ou moins ouvertement aujourd’hui, l’effet surtout de la générosité britannique ? M. l’abbé Groulx ne le croit pas. Bien plus, ce qui le frappe dans les quatre-vingt-huit années d’histoire qui se sont écoulées depuis 1760, c’est l’effroyable malheur que la conquête a été pour nous. Déjà, en 1774, il se rangeait là-dessus à l’avis du sagace Cugnet ; plus il étudie la période de nos luttes constitutionnelles, plus lui apparaît l’absurdité de la thèse historique qui veut que 1760 ait été pour nous un événement providentiel au sens de bienfaisant.

  1. Voir aussi à ce sujet le livre de l’abbé Ivanhoe Caron, La Colonisation de la province de Québec, paru depuis ma conférence. — O. A.