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en dernière analyse réglé par Londres. La représentation minoritaire accordée aux Canadiens-Français dans le Conseil législatif servira surtout à énerver par les appâts du pouvoir la conscience de quelques chefs. Les Canadiens-Français sont virtuellement exclus des administrations publiques ; en 1832, soixante-douze ans après la conquête et cinquante-huit ans après 1774, sur 1,600 fonctionnaires 45 seulement, la plupart simples commis ou portiers, sont de langue française, et pourtant les Canadiens — c’est ainsi qu’à cette époque on appelle encore les Canadiens Français — sont 600,000 contre 75,000. Le fonctionnarisme forme une oligarchie toute-puissante, qui sous l’œil aveugle ou complaisant des gouverneurs se porte à tous les abus ; en 1823, soixante-trois ans après la conquête et quarante-neuf ans après 1774, le receveur général Caldwell est trouvé en déficit de 96,000 louis, somme fabuleuse pour le temps, égale à deux fois le revenu annuel de la province. La magistrature reste étrangère, souvent hostile ; en 1825, cinquante et un ans après 1774, à Kamouraska, dans un procès où les deux parties sont françaises, le juge Bowen déboute le demandeur parce que l’action n’est pas libellée en anglais ; en 1830, sur 11 juges, 3 Canadiens. Le gouvernement de la colonie, conspirant avec la métropole pour détruire nos écoles, réserve la protection et les subventions officielles à l’Institution royale, anglaise et protestante. Le régime des concessions