Page:Asselin - L'œuvre de l'abbé Groulx, 1923.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20

su pratiquer jusqu’ici. Le matin de la fameuse délibération, les enfants d’Ottawa, réunis dans les églises, prient « pour que les langues marchent bien. » Depuis cinquante ans, chez nous, les langues ont toujours trop bien marché. Or, si l’un des critiques de l’abbé Groulx, M. de Montigny, regarde comme une erreur l’introduction de la politique dans le roman, pas un ne semble s’être avisé qu’au double point de vue de l’art littéraire et du but patriotique visé par l’auteur la participation de Lantagnac à une pantalonnade de politiciens n’est pas le digne aboutissement d’une grande crise morale.

Ce qui revient à dire que MM. du Roure, de Montigny et Roy voient surtout dans l’Appel de la race les défauts qui n’existent pas et ne voient pas ceux qui crèvent les yeux.

Cette aberration du jugement serait-elle, par hasard, l’effet d’un plan concerté ? Gardons-nous de le croire. Serait-elle, en chacun de ces messieurs, la conséquence inévitable du parti pris ? Mais leur parti pris, si visible soit-il, n’explique pas leur silence sur le point le plus faible de l’œuvre. Cherchons ailleurs.

Professeur de français à l’Université McGill, M. du Roure a perdu dans ce milieu le sens des proportions. L’essentiel à ses yeux n’est pas tant de conserver à trois millions de Canadiens le droit de parler le français, que d’enseigner la langue et la littérature française à une cinquantaine de jeunes gentlemen et de jeunes