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tagnac parle surtout pour les sourds. L’incorrection trop fréquente de la langue — dont j’aurai plus loin l’occasion de vous entretenir — laisse intacte la beauté d’un grand nombre de pages, pleinement satisfaisantes pour le cœur et l’esprit, dignes de figurer dans une anthologie de la prose française. Le mélange des genres — fiction et histoire — est un procédé dont maint romancier contemporain, dans toutes les littératures, s’est servi avec bonheur pour corser qui son intrigue, qui son récit, qui les deux à la fois ; M. André Thérive en a tiré un merveilleux parti dans le Voyage de M. Renan. La faute de l’abbé Groulx n’est pas d’avoir confondu les genres, mais de l’avoir fait de façon inhabile et maladroite. La lutte pour l’esprit et en quelque sorte l’âme des enfants — car Maud Fletcher est manifestement restée protestante, et c’est beaucoup plus que la formation intellectuelle qui est en jeu — portait en elle tous les éléments d’une grande tragédie humaine. En la subordonnant au débat sur la question scolaire, l’auteur a détruit sans nécessité l’unité du roman, pour le seul avantage de pouvoir égaler Lantagnac au « géant débonnaire » Ernest Lapointe, à M. Jacques Bureau, à M. David Lafortune. L’Appel de la race, c’est la renaissance d’une âme à la vie française et catholique, thème émouvant, d’un intérêt poignant pour tout observateur attentif de notre vie nationale ; mais c’est aussi, à propos de l’école, l’apologie du discours, seule forme d’action que nous ayons