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ou contre lui. Regretter que dans les circonstances Maud Fletcher ne rétorque pas à son mari tous ses arguments, c’est vouloir ajouter une prolixité de plus à celles de Lantagnac et du P. Fabien, que pourtant l’on condamne ; mais c’est surtout méconnaître de parti pris toute l’expérience que nous avons de la race anglaise. Pour Maud Fletcher, et aussi bien pour toute Anglaise de bonne race placée dans la même situation, l’attitude de Lantagnac ne mérite pas la discussion — tout au plus un soupir de pitié. L’homme bien élevé qui s’est déjà risqué à demander un renseignement en français dans un bureau quelconque des Douanes ou des Finances dira si ce vieil abruti de Fletcher est une figure inconnue à Ottawa. Enfin, si Duffin n’est pas un personnage sympathique, la faute n’en est pas à l’auteur : il fallait bien montrer quel dessèchement ou quelle perversion de l’être moral est généralement chez l’Irlandais la conséquence de l’apostasie. Reprocher à l’abbé Groulx d’avoir peint tous ses Anglais sous des couleurs désobligeantes, c’est fermer les yeux sur le temps et le lieu du roman. Autant blâmer Balzac d’avoir, dans un roman destiné à montrer la lutte du paysan pour la propriété, peint uniquement des paysans sournois, envieux et pillards ; ou Flaubert d’avoir incarné dans la petite bourgeoisie française toute la niaiserie des poncifs pseudo-scientifiques du XIXe siècle. Davis Fletcher, sa fille Maud, Duffin, sont de ce monde