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En route, 26/11/1916


J’écris ceci à mon petit Pierre – je devrais dire maintenant à mon grand Pierre – pour voir s’il pourra me lire, et ensuite me répondre. C’est dimanche, il est 4 heures, et je ne suis pas sorti depuis le matin, mais il paraît que nous avons rencontré durant la journée une baleine et un bateau. Je n’ai pas confiance en cette baleine, car on n’a vu, paraît-il, que l’eau qu’elle lançait. Je me défie aussi du bateau. Les Allemands, ils essaieront de nous faire du mal, de nous couler. Je crois quand même que nous leur échapperons, et que nous pourrons nous rendre jusqu’en France pour tirer de bons coups de fusil dans la tête de ces maudits, qui font mourir de faim les petits enfants et les mamans, et qui ont fusillé des grand’mamans. Je t’écrirai quand nous serons rendus là. En attendant, étudie bien, car si je me fais tuer, ou si je reviens infirme, tu seras peut-être obligé d’aider à ta maman.

Ton papa qui t’aime beaucoup, parce