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Notes de traduction

Ashtavakra ou Ashtaavakra, en sanskrit : अष्‍टवक्र, est un sage (rishi) connu pour le dialogue qu’il a dans l’Ashtavakra Gita avec le prince Janaka. Les informations sur sa biographie viennent essentiellement du Ramayana. Son nom signifie « huit difformités ».

L’Ashtavakra Gita (en sanskrit : अष्टावक्रगीता ; IAST : aṣṭāvakragītā) est un chant qui contient un enseignement philosophique[1] appartenant avec l’Avadhuta Gita aux principaux textes de la philosophie non-dualiste advaita vedanta. Comme tous les textes hindous, ils ont eu une longue existence de tradition orale avant d’être écrit. L’Ashtavakra Gita telle qu’elle nous est parvenue date probablement du VIIIe siècle, époque d’essor pour les écoles non-dualistes en Inde.

Les sources utilisées sont toutes issues du web [2][3].

Un certain nombre de choix ont été faits :

  • traduction de samsāra (संसार) par cycle des réincarnations mais cela pourrait aussi être « tout ce qui circule »
  • traduction de Vairāgya (devanagari : वैराग्य)/ dispassion par sérénité
  • traduction de Ekaggatā (sanskrit Ekāgratā, एकाग्रता) par concentration et non par unification (discutable)

Chapitre I

Janaka :

Comment la connaissance peut-elle être acquise ? Comment la libération peut-elle être atteinte ? Et comment atteindre un état sans passion ? Dis-moi. 1.1

Ashtavakra :

Si tu cherches la libération, mon fils, évite les objets des sens comme un poison. Pratique la tolérance, la sincérité, la compassion, la retenue et la vérité comme un nectar. 1.2

Tu n’es pas composé des éléments — la terre, l’eau, le feu, l’air, ou même l’éther. Pour être libéré, connais toi toi-même comme étant la conscience, le témoin de ceux-ci. 1.3

Si tu parviens juste à rester au repos dans la conscience, te percevant toi-même comme distinct de ton corps, alors tu deviendras heureux, paisible et libre de tout lien. 1.4

Tu n’appartiens pas à la caste des prêtres ni à nulle autre caste, tu n’es à aucune étape, et tu n’es rien que l’œil puisse voir. Tu es sans attache et sans forme, le témoin de toute chose — alors sois heureux. 1.5

Vertu ou vice, plaisir ou douleur, ne sont que le produit du mental et ne te concernent pas. Tu n’es ni celui qui agit, ni celui qui recueille les fruits, tu es donc toujours libre. 1.6

Tu es le témoin de toute chose, et tu es toujours totalement libre. La cause de tes liens est que tu vois le témoin comme autre chose que cela. 1.7

Parce que tu a été mordu par le serpent noir, la croyance en « je suis celui qui agit », bois l’antidote de la foi dans le fait que « je ne suis pas l’agissant », et soit heureux. 1.8

Brûle la forêt de l’ignorance avec le feu de la connaissance que « je suis l’unique pure conscience » et sois heureux et libéré de l’affliction. 1.9

Cela en qui tout ceci apparaît — imaginé tel un serpent dans une corde — cette joie, suprême joie et conscience est ce que tu es, alors sois heureux. 1.10

Si l’on se pense libre, on est libre, et si l’on se croit attaché, on est attaché. Ici, cet adage est vrai : « le penser, c’est l’être ». 1.11

Ta nature réelle est l’Un parfait, libre, la conscience impassible, le témoin universel, détaché de tout, sans désir et en paix. C’est par une illusion que tu parais impliqué dans le samsâra. 1.12

Médite sur toi-même comme une conscience immobile, libre de tout dualisme, renonçant à l’idée fausse selon laquelle tu es juste une conscience dérivée, ou quoi que ce soit d’externe ou interne. 1.13

Tu a été longtemps pris au piège de l’identification au corps. Tranche ce lien avec le couteau de la connaissance que « je suis la conscience », et sois heureux, mon fils. 1.14

Tu es réellement libre de toute attache et de toute action, déjà illuminé par nature et sans tâche. Ton esclavage vient de ta recherche constante à calmer le mental. 1.15

Tout cela est empli de toi et se déroule en toi, car ce dont tu es fait est pure conscience — alors ne sois pas étroit d’esprit. 1.16

Tu es inconditionné et immuable, sans forme et permanent, insondable conscience et imperturbable, alors ne te réfère à rien d’autre que la conscience. 1.17

Vois que ce qui est apparent n’est pas réel, tandis que le non-manifesté demeure. Grâce à cette initiation à la vérité, tu ne tomberas plus dans l’irréalité. 1.18

De la même façon qu’un miroir existe partout à l’intérieur et en dehors de ses images réfléchies, ainsi le Seigneur Suprême existe partout à l’intérieur et en dehors de ce corps. 1.19

De la même façon qu’un seul et même espace universel existe à l’intérieur et autour d’une jarre, ainsi l’éternel et immortel Dieu existe dans la totalité des choses. 1.20

Chapitre II

Janaka :

En vérité, je suis sans reproche et en paix, la conscience au-delà de la causalité naturelle. Tout ce temps j’ai été affligé par l’illusion. 2.1

Comme je suis le seul à donner de la lumière de ce corps, je la fais aussi pour le monde et j’ai pour fruit que le monde est mien ou bien que rien n’est. 2.2

Alors maintenant, abandonnant le corps et tout le reste, par quelque bonne fortune ou d’autres choses, mon vrai moi devient apparent. 2.3

Tout comme les vagues, la mousse et les bulles ne sont pas différents de l’eau, tout ce qui a émané de Soi-même, n’est autre que Soi-même. 2.4

De la même manière que lorsque l’on analyse un tissu on y trouve la tresse, ainsi quand tout est analysé in n’est découvert rien d’autre que le Soi-Même. 2.5

Tout comme le sucre produit à partir du jus de la canne à sucre est imprégné du même goût, alors tout ceci, produit en dehors de moi, est complètement imprégné de moi. 2.6

C’est par l’ignorance de Soi-même que le monde apparaît, et par la connaissance de Soi-même qu’il s’évanouit. De la méconnaissance de ce qu’est la corde, un serpent semble apparaître, et par la connaissance de celle-ci, il ne semble plus exister. 2.7

Être radieux est ma nature essentielle, et je ne suis rien de plus ni au-delà de cela. Quand le monde s’illumine, c’est tout simplement moi qui resplendis. 2.8

Tout cela apparaît en moi comme imaginé par l’ignorance, comme on prend une corde pour un serpent, la lumière du soleil pour un reflet sur l’eau, et la nacre pour de l’argent. 2.9

Tout cela, dont je suis l’origine, est résolu aussi par un retour en moi, comme une cruche redevient argile, une vague redevient l’eau, et un bracelet redevient or. 2.10

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi, pour qui il n’y a pas de destruction, demeurant même au-delà de la destruction du monde jusqu’à la dernière touffe d’herbe par Brahma. 2.11

Quelle merveille je suis donc ! Gloire à moi, solitaire, même si doté d’un corps, ni en allant ni venant partout, moi qui demeurera éternellement, remplissant tout ce qui est. 2.12

  1. Gita signifie « chant », le plus connu étant La Bhagavad Gîtâ
  2. Ashtavakra Gita, Wikisource en anglais
  3. अष्टावक्रगीता, Wikisource en sanskrit