Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 97 —

Jack ! » Épuisée de fatigue et d’émotion, elle s’affaissa sur le sol.

En un instant le jeune garçon fut près d’elle ; il la releva doucement et la considéra avec inquiétude.

— Colette, qu’avez-vous, mon Dieu ! vous êtes pâle et vos mains sont brûlantes.

La jeune fille revint à elle.

— Ce n’est rien, mon enfant, le temps presse, un grand danger menace nos amis.

— Je l’ai compris, en vous vous voyant accourir ; mais je vous en prie, venez chez nous vous reposer, vous êtes à bout de forces.

— Je ne puis pas, Jack, il faut que je sois rentrée avant mon père.

— Vous ne pourrez retourner chez vous en cet état ; venez, ma mère vous préparera une boisson réconfortante.

— Non, mon enfant, non, j’aurai le courage d’accomplir cette tâche ; écoute ce que j’ai à te dire, le temps presse, si je n’étais pas venue, nos amis seraient perdus.

— Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce encore ?

— Demain, au point du jour, les constables envahiront la montagne.

— Qu’ils viennent ! fit le jeune garçon en levant la tête, grâce à vous, Colette, l’alarme sera donnée ; les honnêtes policiers pourront brûler leur poudre en l’honneur des canards sauvages.

— C’est bien, Jack, voilà ce que j’avais à te dire. Va de suite les prévenir afin que, pendant la nuit, ils prennent leurs précautions.

— J’irai, Colette, soyez sans crainte. Tomy verra bien que vous pensez encore à lui.

— Est-ce qu’il en doute ? fit la jeune fille vivement.

— Il a bien du chagrin de penser que vous allez épouser William Pody.