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IX

L’ESPION


Colette, obéissant à l’ordre de son père et ne voulant pas créer d’embarras à sa famille, cessa de visiter la chaumière de Jane ; le jeune garçon lui apportait des nouvelles et, si quelque danger menaçait les proscrits, par l’intermédiaire de Jack, elle les en prévenait. Elle sortait beaucoup moins, s’absorbait dans les soins du ménage, mais la linotte de Greenish avait perdu sa gaieté, on ne l’entendait plus chanter.

William était revenu. Colette, comprenant qu’elle ne pouvait faire autrement que de l’épouser s’était résignée, toute trace de mésintelligence avait disparu entre eux. William cependant ne s’abusait pas sur les sentiment de Colette.

Un jour, la jeune fille était allée faire une commission au village, elle s’arrêta sur la place pour écouter les propos qui s’échangeaient dans un groupe nombreux.

— Oui, disait un paddy au visage fortement enluminé, je vous affirme que j’ai rencontré un constable chez la mère Coning, qui a reçu hier une provision nouvelle d’excellent whiskey et dame ! cette liqueur délierait la langue d’un mort.

— Et le constable a parlé, fit un autre personnage, ramenant l’ivrogne à la question.

— Il a dit que le landlord voulait venger l’injure fai-