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souffrait car il aimait passionément la jeune fille, mais son amour-propre n’était pas moins atteint. Lui, William Pody, le citadin, le richard, se voir presque rejeté par la fille d’un pauvre fermier ! S’il avait voulu se marier à la ville, il aurait pu le faire avantageusement ; il choisissait Colette, la plus jolie fille de Greenish, il l’élevait jusqu’à lui et au lieu d’être flattée de cet hommage inespéré, elle semblait lui faire une grâce en l’acceptant.

Le jeune homme supposait bien qu’il y avait un obstacle entre lui et sa fiancée.

— Elle ne m’aime pas, se disait-il, elle pense toujours à Tomy. Quel dommage qu’il ait échappé à la potence ! C’est elle qui l’a sauvé. Mais il ne peut plus revenir ; je saurai d’ailleurs l’écarter de mon chemin et malheur à Colette elle-même si elle persiste dans ses sentiments à mon égard !

Et d’abord je veux savoir où elle va, qui elle rencontre ; un mot à la police et je serai débarrassé de mon rival. Ah ! Colette, vous ne connaissez pas William Pody. Vous ne l’outragerez point impunément.