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tions ne troublent pas les quelques instants que nous avons à passer ensemble.

La paix se fit pour le moment, mais ces discussions pénibles se renouvelèrent bien des fois entre les deux fiancés.

Un soir, William dit aux parents de Colette :

— Il faut songer aux préparatifs de noce, dans un mois aura lieu notre mariage.

— En plein hiver ! reprit la jeune fille qui avait pâli ; ne vaudrait-il pas mieux le remettre au printemps ?

— Mais non, fit le père, qui étais désireux de voir s’accomplir au plus tôt cet événement si inespéré pour sa famille.

William s’adressa à sa fiancée.

— Vraiment, Colette, je ne vous comprends pas, quand notre mariage a été fixé il y a deux mois, vous saviez bien qu’il aurait lieu pendant l’hiver.

— Je n’y avais pas réfléchi.

— Et c’est maintenant que vous vous en apercevez, reprit William ironiquement. Pourquoi ne proposez-vous pas de le remettre indéfiniment ?

La jeune fille le regarda d’un air qui semblait dire que cette conclusion ne la contrarierait pas trop.

— Ah ! Colette ! dit William d’un ton de reproche, je vous trouve bien changée. Vous paraissez m’épouser à regret ; personne cependant ne vous a contrainte à m’engager votre foi.

— Non certes, reprit la mère, et tu serais bien coupable, ma fille, si tu n’étais touchée de l’affection désintéressée de William et de l’honneur qu’il te fait en te choisissant de préférence à toute autre.

— À mon tour, je dirai que je n’ai pas sollicité cet honneur, répartit la jeune fille.

— Laissons cela, mistress Buckly, fit William avec une modestie apparente, je n’ai jamais songé à me faire