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VIII

LES FIANCÉS


Colette était bien joyeuse d’avoir réussi à sauver Tomy ; par Jack, son fidèle messager, elle avait des nouvelles des proscrits et le jeune Podgey lui avait fait transmettre l’expression de sa reconnaissance attendrie. Colette s’était hâtée de jeter au feu le billet de Tomy, elle commençait à devenir suspecte, il eût été dangereux de conserver une preuve de ses relations avec les rebelles.

Le landlord avait ordonné une enquête sur les faits qui venaient de considérer l’autorité de la justice, on n’avait pu recueillir aucun renseignement ; Colette interrogée déclara qu’elle ignorait tout et, malgré les soupçons qui planaient sur elle, le juge ne trouvant pas de preuves, ne put l’arrêter.

La jeune fille reprit sa vie ordinaire ; à son insu un changement s’opérait dans son cœur, la pensée de Tomy y prenait chaque jour une plus grande place ; elle ne croyait céder qu’à un sentiment de pitié, il s’y glissait cependant quelque chose de plus tendre qui la plongeait parfois dans de longues et douces rêveries.

S’étant rendue un jour à la cabane de la mère Jane, qui était malade, Colette avait rencontré là Tomy ; son costume de montagnard lui allait à merveille, sa haute taille semblait plus vigoureuse, son visage régulier et