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bon feu, préparait du whiskey, la chère liqueur nationale. Il en remplit un pot qu’il présenta aux arrivants et tous, l’un après l’autre, y appliquèrent amoureusement leurs lèvres.

Clary s’étant approché du jeune Podgey, lui dit :

— Tomy, je vous offre l’hospitalité chez moi, vous devez avoir besoin de repos.

— Clary O’Warn, fit Willy, je vous reconnais ; j’étais du temps de votre père, je vous ai vu grandir, j’ignorais ce que vous étiez devenu après votre malheur.

— J’ai trouvé un refuge ici.

— Votre retraite n’est pas très sûre, reprit le paddy, une compagnie d’habits rouges fouillerait facilement ce vallon.

— Oh ! sans doute, si nous y restions, mais, à la moindre alarme, un signal rallie notre colonie ; derrière ces rochers est l’entrée d’un souterrain inconnu ; il a un kilomètre de profondeur, c’est un dédale où se perdrait quiconque n’en saurait pas les détours ; il aboutit par une ouverture pratiquée dans le roc à un vallon, formant une sorte de puits ; aucune issue ne permet de s’y introduire.

C’est là notre retraite inexpugnable, je défie à la police d’y pénétrer. Si notre secret était trahi, quatre hommes tiendraient en échec un régiment anglais à l’entrée de ce labyrinthe.

En temps ordinaire, cette vallée, qui n’est point trop désagréable, nous sert d’asile ; nous en sortons seulement pour les besoins de notre industrie.

Tomy était épuisé de fatigue et d’émotion, il entra dans la cabane que Clary lui désigna comme étant la sienne ; le sol était couvert de fougère fraîche, aux parois étaient suspendus des armes et des vêtements, une large pierre plate servait de table, près du foyer gisaient quelques ustensiles grossiers pour préparer les