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juges qu’il appartient de découvrir les coupables. En avant et silence.

Les montagnards étaient à l’abri des poursuites de la police. Tomy, étourdi de cet incident imprévu, ne se rendit pas compte de ce qui se passait autour de lui, cependant les paroles de Colette lui revenant soudain à la mémoire, il comprit que c’était la délivrance. Dix minutes plus tard il tombait dans les bras de son père et de ses frères.

— Vous m’avez sauvé, dit-il.

— Non, répondit Georgy, seuls, nous n’aurions rien pu, c’est Colette qui a tout conduit.

— Colette ! répéta Tomy avec émotion.

Une expression de bonheur indicible se répandit sur son pâle visage.

— Où allons-nous ? demanda-t-il.

— Dans le seul refuge qui nous reste, répondit son père, là où la justice ne peut nous atteindre.

Tomy s’adressa aux montagnards :

— Je vous remercie de votre généreuse intervention, mes amis, je vous dois la vie, que Dieu récompense votre dévouement pour un inconnu.

— Nous sommes Irlandais et catholiques, nous sommes frères, Tomy Podgey, répondit la voix grave et douce de Clary.

— Qui êtes-vous ? reprit vivement Tomy, je vous connais certainement.

— Plus tard vous le saurez, ce n’est point le moment,

On arrivait à l’entrée de la montagne. Un étroit défilé, où le brouillard épais voilait les sombres parois des rochers, donnait accès à un vallon au fond duquel s’étendait la surface immobile d’un sombre lac. La végétation était maigre et rare ; sur les pentes escarpées, des chèvres et quelques vaches de petite taille passaient l’herbe humide ; plusieurs échancrures de la montagne offraient une partie moins aride, on y voyait des champs