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VII

UN HARDI COUP DE MAIN


Ce jour même, Tomy parut devant ses juges, le représentant du landlord et sa Révérence, le ministre anglican. Il était coupable de rébellion et de voies de fait contre les agents de l’autorité et convaincu d’avoir incendié son cottage ; le juge lui demanda ce qu’il avait à dire pour sa défense.

— Je ne nie aucun des faits qui me sont imputés, répondit le jeune homme, je sais aussi que mes explications n’auraient pas d’influence sur la décision de la justice, je suis prêt à subir mon sort, j’ai même commis un autre crime dont vous oubliez de m’accuser, c’est d’avoir scalpé monsieur le bailli.

Tomy, tirant de sa poche la précieuse perruque, la jeta aux pieds de ses juges.

Un mouvement d’hilarité se fit dans l’auditoire, à la vue de la pièce de conviction et de l’air piteux du bailli. Tomy n’en fut pas moins condamné à être pendu.

Pour le pauvre paysan irlandais, il n’est pas de juridiction supérieure, pas de recours en grâce, pas de clémence à espérer.

L’exécution fut fixée au lendemain matin.

Le curé vint apporter au condamné ses consolations et les secours de la religion. Tomy montra beaucoup de résignation, il se prépara à la mort en vrai chrétien.