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Sous le règne d’Élisabeth, la famille O’Warn avait lutté contre les envahisseurs et refusé d’adopter la religion nouvelle ; ses biens connue ceux de tous les riches Irlandais furent confisqués et donnés aux vainqueurs, Les O’Warn avaient depuis vécu dans la pauvreté et avaient fini par devenir de misérables tenanciers de ces seigneurs anglais qui possédaient leur fortune.

Clary avait manifesté de bonne heure une vive intelligence et une foi ardente ; sa ferveur réjouissait l’âme du bon curé, dont il était l’élève et le fils d’adoption : le saint prêtre voyait en lui un futur lévite, un de ces anges du sanctuaire qui passent dans le monde faisant le bien, soutenait les courages, consolant toutes les douleurs au nom du Maître miséricordieux dont ils sont les disciples.

Dans les familles irlandaises il est d’usage qu’un fils soit consacré à Dieu, c’est l’honneur et la joie des parents. Si le ministère du prêtre est beau en tous pays, il est véritablement angélique en Irlande. Le prêtre est pauvre, car là où règne la misère il la partage et adoucit celle qui l’entoure en se sacrifiant lui-même. Et quels efforts ne doit-il pas faire pour calmer les haines profondes de ces esprits aigris par la souffrance et l’injustice !

Il ne fut pas donné à Clary de remplir ce rôle sublime.

Son père mourut, il perdit son frère aîné et resta seul soutient de sa mère et de sa jeune sœur.

Clary avait seize ans ; malgré son âge peu avancé, il accepta courageusement sa lourde tâche et travailla, comme l’avait fait son père, sans se lasser jamais.

La misère vint plus d’une fois s’asseoir à leur foyer, mais c’est la condition du paysans irlandais ; il est habitué à ses haillons, quand la faim ne le torture pas trop, il se trouve relativement heureux.

Deux années avant l’époque où se passent les événe-