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Elle sourit à la pensée de la joie de Tomy en apprenant tout ce qu’elle avait fait pour lui. Elle le devait bien, car c’était par amour pour elle qu’il s’était perdu. Colette ne pouvait se rappeler sans attendrissement la scène de la veille et les dernières paroles du jeune homme. Pendant la route l’image de Tomy l’accompagna, elle eût voulu faire connaître au pauvre garçon les tentatives de ses amis afin de diminuer son désespoir, mais il était impossible d’arriver jusqu’à lui.

Parfois un doute traversait son esprit, les montagnards viendraient-ils ? La parole de Clary la rassurait.

Avant d’aller plus loin dans notre récit, il est nécessaire de dire quelques mots de ce proscrit, qui doit y remplir un rôle important.

Clary O’Warn était le descendant d’un ancien chef de clan.

Le clan représentait en Irlande la commune moderne, avec cette différence essentielle que la commune est une agrégation de citoyens unis ensemble par un lien volontaire, purement fictif, tandis que le clan se composait des membres d’une, même famille tous rivés au clan par les liens indissolubles de la parenté.

On a souvent reproché à la commune moderne de préférer ses intérêts particuliers aux intérêts généraux du pays, on devine les inconvénients du clan, où dominaient les intérêts si vifs de la famille ; ambitieux, avides d’honneur et de richesses, les différents clans recherchaient sans cesse les moyens de s’étendre aux dépens de leurs voisins.

On comprend tout ce que ce régime féodal poussé jusqu’à ses dernières conséquences pouvait contenir de germes de division ; les désordres, les vices et les malheurs résultant de cette organisation neutralisèrent les éléments de force et de résistance que renfermait le pays et facilitèrent l’œuvre de la conquête anglaise.