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— On serait heureux de faire quelque chose pour vous plaire, la belle enfant, mais comme nous n’avons point les mêmes raisons que vous sans doute de protéger le beau Tomy, permettez que nous songions à notre sécurité.

Le visage de la jeune fille se couvrit de rougeur.

— Ne vous troublez pas pour cela, ma chère, quoique ces vives couleurs vous rendent mille fois plus belle, personne ne pense à blâmer votre intérêt pour l’heureux Tomy, on ne pourrait qu’envier son sort ; pas vrai, Clary ? ricana le bandit en se tournant vers le jeune homme dont les yeux ne quittaient pas Colette.

Celle-ci reprit aussitôt :

— Dans mon enfance, Tomy m’a sauvé la vie, je voudrais lui rendre aujourd’hui ce qu’il fit alors pour moi ; à cent pas d’ici, j’ai laissé son père et ses frères qui veulent à tout prix l’arracher à La mort.

— Nous les aiderons, dit Clary.

— Ah ça ! qui te prie de t’engager pour les autres ? répliqua le buveur.

— Je trouverai certainement dans la montagne une douzaine de garçons de cœur qui viendront avec moi secourir un des nôtres. Ne sommes-nous pas de la même patrie, frères par le malheur, ne devons-nous pas protéger les victimes de la tyrannie et au besoin les venger ?

— Paix, les amis, dit le chef, il y a un moyen de s’entendre. Je n’aime pas beaucoup ces luttes ouvertes avec l’autorité, cela pourrait attirer les habits rouges dans nos montagnes, cependant nous sommes en mesure de leur échapper et on ne peut laisser périr ce brave Tomy. Donc je ne m’oppose pas à ce que Clary prenne avec lui une douzaine des nôtres pour aller jouer ce tour à Sa Seigneurie, que Dieu confonde ! J’aimerais à être de la partie, mais je suis un morceau de trop d’importance, ma tête est mise à prix, il faut se défier des traîtres.