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— Ce sera difficile, dit-il lentement.

Après un moment de réflexion, l’enfant ajouta :

— Colette, trois montagnards sont chez nous, voulez-vous leur expliquer vous-même la chose, vous le ferez mieux que moi ?

La jeune fille hésita un instant.

— Allons, dit-elle.

Jack fit entendre un sifflement aigu auquel répondit un cri particulier.

— Suivez-moi, Colette.

Le jeune garçon et sa compagne pénétrèrent dans la cabane ; une résine fumeuse éclairait l’intérieur de ce taudis où rien ne révélait l’habitation. De la fougère fraîche étendue sur la terre servait de lits ; une vieille table placée près de la cheminée, où brûlait un feu de tourbe, était couverte de plusieurs verres et d’un pot de whiskey. Trois hommes, vêtus de peaux de chèvres, ressemblant à des bêtes fauves, entouraient la table ; les bords de leurs chapeaux cachaient leurs visages et leur donnaient un aspect encore plus menaçant.

Cette cabane, située à l’entrée de la montagne, était devenue, on le comprend, un point d’information pour les contrebandiers ; Jack leur servait d’intermédiaire dans leurs opérations prohibées et les prévenait chaque fois qu’un danger les menaçait.

Colette tremblait, non pas de crainte, elle savait qu’elle n’avait rien à redouter de ces hommes, terribles seulement pour leurs ennemis ; plus d’une fois, elle avait déjà rencontré des montagnards chez la mère Jane ; elle en connaissait quelques-uns qui étaient de Greenish et qu’une injuste condamnation avait réduits à fuir ; ce qui la troublait c’était l’étrangeté de la démarche qu’elle venait tenter.

À son entrée, aucun mouvement ne se fit parmi les buveurs. Colette était enveloppée de sa mante et ne se