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— Ah ! mon Dieu ! gémit le pauvre père, il est perdu !

— Ce ne sera pas, s’écrièrent Georgy et William, nous irons l’arracher au bourreau.

— Et les constables, mes enfants, non, on ne peut lutter contre la force, nous avons commis une grande faute hier. Que faire, mon Dieu ! que devenir !

Le pauvre père pleurait, il était écrasé par la douleur.

— Nous ne laisserons point périr notre frère, disaient les deux jeunes gens.

— À vous seuls, mes amis, reprit la jeune fille, vous ne pouvez rien que vous perdre avec lui ; soyez donc prudents, je vous le demande, et laissez-moi agir. Je veux sauver Tomy, j’ai un plan, si je réussis vous me servirez, si j’échoue, votre intervention serait inutile et insensée.

— Que comptez-vous faire, Colette ?

— C’est mon secret. Je vais d’abord vous conduire dans un endroit sûr où la police ne pourra vous atteindre, vous resterez là jusqu’à ce que j’aille vous apprendre le résultat de mes démarches. Venez.

La jeune fille continua à suivre le chemin qu’elle avait pris. Le brouillard voilait la silhouette des montagnes peu élevées mais rendues d’un accès difficile par les accidents de terrain qui leur formaient des défenses naturelles. Cette partie montagneuse, sauvage, inhabitée était devenue le refuge des Outlaws, de tous ceux qui, ayant enfreint gravement les lois, ne peuvent plus vivre au grand jour. Ces hommes se livrent à la contrebande, ils se rient de la police et font parfois payer cher aux maîtres du pays l’ostracisme dont ils sont frappés.

Un étranger traverserait impunément ces lieux de refuge qui se trouvent dans toutes les parties de l’Irlande et y recevrait une affable hospitalité, mais malheur à l’Anglais qui oserait s’aventurer parmi ces tribus de révoltés.

Colette et ses amis franchissaient une partie maréca-