Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 64 —

sauvâtes la vie ; nous resterons amis, je prierai pour votre bonheur. Mais de grâce, éloignez-vous !

— J’ai de mauvais pressentiments, reprit le jeune homme.

— Chassez de si tristes pensées, une vie nouvelle va commencer pour vous ; allez, Tomy, votre présence ici me cause une cruelle inquiétude.

— Fuyez, fuyez ! s’écria la petite Mary, j’entends du bruit. Ah ! mon Dieu !

— C’est trop tard ! cria une voix terrible.

Huit hommes armés apparurent tout à coup.

Tomy comprit qu’il était perdu ; les constables lui barraient le chemin ; se glissant à l’abri d’un buisson, il se prépara à faire une résistance désespérée. Être pendu ou mourir les armes à la main, ce dernier parti était encore le meilleur.

Les deux jeunes filles affolées s’étaient laissées tomber à genoux sur le sol.

— Grâce, grâce, épargnez-le ! criait Colette, croyant que ces hommes de police pouvaient être fléchis par quelque chose.

D’ailleurs leur devoir était d’arrêter le coupable.

— Fâché de vous refuser, ma belle enfant, ricana le chef des constables ; nous avons interrompu mal à propos votre causerie, hein ! Il en cuira à maître Tomy d’être resté faire l’aimable avec une jolie fille. Hé ! Hé ! il a bon goût, qu’en dites-vous, les camarades ?

Le soudard étendit le bras pour saisir la jeune fille.

Un cri rauque s’échappa de la poitrine de Tomy, une balle siffla dans l’air et le chef des constables roula dans la poussière.

La petite Mary essaya d’entraîner sa sœur, mais celle-ci était brave, elle voulait voir ce qui arriverait au malheureux dont elle causait involontairement la perte.

Les constables firent une décharge sur le buisson d’où était parti le coup, mais Tomy qui avait prévu cette ri-