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« Les voilà, dit Tomy, ah ! ils sont en nombre, faisons le feu de joie. Vive mylord ! »

Il jeta une allumette enflammée dans la fougère et, se glissant furtivement dans l’obscurité, il descendit le sentier qu’avait suivi sa famille.

Le bailli aperçut les flammes, le toit de chaume brûlait avec de sinistres crépitements, les châtaigniers qui abritaient le cottage prenaient feu et les branches embrasées tombaient une à une, les animaux qui rôtissaient dans l’étable poussaient des hurlements de douleur.

— Les malheureux ! s’écria le bailli, ils ont incendié leur cottage.

— Le feu vient d’être mis, répliqua le chef des constables, nous pourrions saisir l’auteur du crime. C’est ce garnement de Tomy Podgey, je parie ! je ne serais pas fâché de lui régler son compte.

— Et de le voir mis à la potence, continua le bailli.

Ça c’est l’affaire de la justice, je n’empiète jamais sur ses attributions. Tomy Podgey me paiera les coups que j’ai reçus de lui tantôt. Désarmer le chef des constables, morbleu ! cela s’est-il jamais vu ?

— Jamais ! répondirent en chœur ses subordonnés.

— Mille tonnerres, ce crime demande châtiment !

— Eh bien ! qu’allons-nous faire ? dit le bailli.

— Avec votre permission, reprit le chef, nous allons nous mettre à la recherche de l’incendiaire.

— Prenez alors la moitié de l’escorte je rentrerai au château avec le reste. Mais le gaillard est alerte, bien fin si vous l’attrapez.

— On fera son possible, monsieur le bailli.

Les constables contournèrent le cottage et prirent le chemin suivi par Tomy.

Celui-ci avait de l’avance et leur aurait certainement échappé sans une imprudence bien volontaire.

« Je ne veux pas quitter le pays sans dire un dernier