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— Vous êtes un misérable, rugit Tomy en bondissant sur lui et en lui appliquant un vigoureux coup de poing qui le renversa à terre, blessé, rendant le sang par le nez.

Ses compagnons voulurent saisir le jeune homme, mais le robuste William s’était jeté devant son frère, Georgy et Willy lui-même tombèrent sur les constables, une lutte s’engagea, il ne fallait pas leur laisser la possibilité de se servir de leurs armes.

Le chef s’était relevé, il chercha son fusil, Susy s’en était emparé et l’avait porté dans la ferme.

— Ah ! maudits pourceaux, s’écria-t-il, on vous fera payer cher cette agression.

Il n’eut pas le loisir d’injurier longtemps ses adversaires, Tomy s’étant retourné, lui asséna un coup de crosse de fusil qui l’eût assommé s’il ne l’avait paré en partie.

Le jeune homme rejoignit le bailli et voulut lui infliger une leçon bien méritée ; il le saisit à bras le corps.

— À moi ! au secours ! criait le représentant du landlord, mais les militaires occupés à se défendre ne pouvaient venir à son aide.

Tomy le renversa et le prit aux cheveux. Le bailli se dégageant prestement s’enfuit laissant sa chevelure entière aux mains de son agresseur.

— Mille tonnerres ! hurla le chef des constables, ces hommes sont des démons, je les tuerai comme des chiens.

— Approche, scélérat, dit Tomy l’ajustant avec le fusil dont il s’était emparé.

— Cela finira mal, reprit un des constables qui avait reçu plusieurs blessures, et le bailli qui a filé, le vieux lâche ! Je ne sais pas pourquoi nous nous ferions écharper lorsque lui a levé le pied.

Les constables se massant commencèrent à battre en retraite, faisant toujours face à leurs adversaires ; deux seulement avaient conservé leurs armes.