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V

L’EXPULSION


La famille Podgey avait compté sur les promesses de l’étranger, et la perspective d’un avenir meilleur avait adouci pour un temps les tristesses présentes ; maintenant elle voyait fuire cette dernière espérance, cet individu l’avait-il oubliée ou ses démarches causaient-elles ce long délai ? Les malheureux doutent toujours.

Willy, immobile sur le seuil de sa porte, attendait dans une complète atonie qu’on vînt le chasser de son pauvre logis.

Ce jour-là le vent était glacial, une petite brume froide attristait la campagne.

Tomy se tenait près de son père, silencieux, plongé dans d’amères pensées.

— Qu’est-ce que j’aperçois là-bas ? fit-il tout à coup.

Willy regarda attentivement.

— Je ne vois rien, le brouillard est trop épais.

— Si, mon père, à l’entrée de la route, je ne me trompe pas, il y a des larmes qui brillent.

— Ce sont eux, murmura Willy d’une voix éteinte.

— Les constables, le bailli ! cria Tomy.

Ses deux frères accoururent.

En effet, il ne s’était pas trompé, bientôt on put distinguer parfaitement le bailli du landlord qui s’avançait