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ser la terre pour y trouver de l’or ; en quelques années je pourrais y recueillir une fortune, voulez-vous m’attendre jusque-là ?

Colette sourit avec un peu de tristesse.

— Tomy, dit-elle, ce sont là de brillantes chimères, je fais des vœux pour votre succès, mais je vous le répète, ne songez plus à moi.

— Si j’étais plus riche que William Pody ?

— Vous ne l’êtes pas, Tomy, et on ne peut accepter vos rêves pour des réalités. Je vais vous confier un secret, il est vraiment nécessaire que je vous le dise pour mettre fin à vos espérances. Mon père s’est engagé envers William Pody et j’ai donné ma parole.

— C’est complètement décidé ?

— Le mariage se fera dans deux mois.

Le jeune homme regardait Colette avec égarement, de grosses larmes coulaient sur ses joues pâles.

— Je n’ai plus qu’à partir.

— Oui, partez, Tomy, mes vœux vous suivront ; je prierai Dieu de vous faire trouver là-bas une autre Colette, qui vous rende heureux comme vous le méritez. Adieu, séparons-nous ici.

Le jeune homme prit les mains de la jeune fille et les serra tendrement dans les siennes.

— Je vous aimais bien, murmura-t-il.

Colette s’éloigna en lui jetant un dernier regard dans lequel il vit briller une larme.

Tomy revint tristement au village, tenant toujours son poney en bride ; il était plongé dans d’amères réflexions sur sa pauvreté et son malheur.

Quand le jeune homme atteignit le petit chemin qui, par une pente assez raide, menait au cottage de son père, il s’arrêta consterné, ses chagrins personnels disparurent. Sa mère, ses frères, ses sœurs en larmes se tenaient devant la porte et son père parlait sur le ton