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vrai, mais leurs visages frais et vermeils respiraient la santé et le bien-être. Les parents souriaient en les regardant, ils entrevoyaient pour eux un bon avenir.

Avec le temps et l’économie, la position de ces fermiers grandit ; quelques années plus tard, à la place des pauvres cabanes s’élevaient de jolies maisonnettes ayant parterre et verger.

Je pus bientôt faire venir près de moi mes parents et mes frères et mes sœurs ; quelle joie d’être réunis jouissant d’une large aisance, de la liberté et du grand air !

Je n’entrerai pas dans tous les détails de notre existence, elle était douce, stable et heureuse ; une circonstance vint la changer totalement.

De riches mines d’or venaient d’être découverte à Bellarat ; l’or est un des produits du sol australien et de toutes parts on accourait vers cette nouvelle source de fortune. Je fis comme les autres, en moins de deux ans j’étais riche ; je fondai à Melbourne une maison de commerce qui prospéra ; je m’associai un de mes frères, le second resta avec nos parents dans une exploitation importante que je lui créai, le troisième monta une maison de banque ; je dotai mes trois sœurs qui se marièrent parfaitement.

— Pourquoi n’êtes-vous pas resté dans ce pays ? demanda Willy Podgey, qui avait écouté avec une grande attention le récit de l’étranger.

— Mon intention est d’y retourner bientôt ; je voyage en ce moment, pour étendre les relations commerciales de ma maison, qui fait l’exportation des laines. En Angleterre, comme en Irlande, on m’a prié de démontrer dans quelques conférences les avantages réels mais peu connus de l’émigration ; convaincu de l’utilité d’une si belle cause, je m’en suis fait volontiers l’apôtre ; je rends service à mes compatriotes que j’aime toujours et à mon pays d’adoption. Je pars prochainement pour Melbour-