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— N’avez-vous jamais entendu parler de ces pays nouveaux où la fortune sourit aux travailleurs, où la terre donne à profusion ses trésors, où la richesse et le bonheur sont le partage des courageux colons qui se vouent à sa prospérité ?

Willy et son fils écoutaient attentivement l’étranger ; celui-ci parlait avec conviction, il reprit :

— Par delà les mers, il est des pays merveilleusement fertiles, favorisés d’un climat enchanteur, des colonies superbes auxquelles il ne manque qu’un nombre suffisant d’habitants pour les exploiter. Elles tendent les bras vers le vieux monde et disent : « Venez donc avec nous, vous tous que la misère écrase, vous que le malheur broie sous un joug de fer ; venez, déclassés, proscrits, persécutés ; nous offrons à tous le travail, le relèvement, l’aisance pour vous et la richesse pour vos enfants. Vous gémissez sous l’oppression, voici des horizons de liberté, d’indépendance, de bonheur. Si vous avez encore des journées de fatigues et d’épreuves, du moins vous ne connaîtrez plus le despotisme humiliant, vous serez les égaux de tous. Enfants d’une même patrie nouvelle, vous grandirez dans la mesure de votre intelligence et de votre activité. Travaillez, la récompense est proche ; voyez parmi nos hommes heureux, nos millionnaires, nos puissants, il en est qui étaient bergers ou manœuvres et aussi pauvres que vous, leur mérite et leurs efforts courageux les ont placés au premier rang.

Tomy demanda à l’étranger :

— Quels sont ces pays dont vous parlez, monsieur ?

— Le plus beau de tous est l’Australie.

— Le connaissez-vous ? demanda Willy Podgey. Je me méfie de ces belles choses lointaines.

— Vous avez raison de vous tenir en garde contre des fictions mensongères ; il m’est facile de vous prouver la vérité de mes paroles, j’ai habité l’Australie.

— Vraiment ! fit Tomy.