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Et prenant le brevet qu’il se disposait à remettre au capitaine, lord Sulton le déchira en disant :

— Si vous ne poursuivez pas mieux les ennemis de Sa Majesté, le gouvernement ferait un mauvais choix.

On entendit alors de tous côtés les cris : Au feu ! au feu ! Les communs du château brûlaient, le parc était en flammes, les arbres enduits à l’avance d’une matière résineuse se consumaient avec bruit, l’incendie gagnait du terrain, il envahissait déjà l’habitation seigneuriale, les efforts de la police et des habitants étaient impuissants contre les ravages du fléau.

Les paysans affolés couraient en désordre ; plusieurs apercevaient au-dessus du palais en feu une ombre qu’entouraient les vapeurs embrasées, elle agitait une torche que la violence du vent ne pouvait éteindre. C’était le spectre des O’Warn qui venait venger la mort du dernier de la race.

Sur un mamelon faisant face au château, les flammes, qui projetaient au loin leurs sinistres reflets, éclairaient un groupe d’une vingtaine d’hommes armés qui contemplaient cette horrible scène. Gaspard, le terrible chef de la montagne, se frottait les mains en ricanant.

— Ils ont reçu ma carte de visite, disait-il.

— Il ne restera pas pierre sur pierre du château, ajouta un bandit.

Gaspard étendit le bras vers le palais qui s’écroula et d’une voix tonnante il s’écria :

Lord Sulton, je suis vengé, je t’ai rendu dent pour dent.

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FIN