Page:Arvor - Dent pour dent, scènes irlandaises, 1906.djvu/221

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 219 —

de cris, que de larmes, que de malédictions s’élevaient contre lui !

Ces poignantes émotions troublaient son cerveau surexcité par un mois de lutte et de souffrance. La douleur, le désespoir, les regrets succédaient à la rage aveugle et les paroles des Anglais contribuaient à l’irriter davantage, car ils étaient les vrais auteurs de ses maux.

William ne craignait pas leur colère. Que lui importait de mourir désormais ? Un dernier reste de la foi, non encore complètement éteinte dans son âme, l’empêchait seul de mettre fin à une existence brisée à jamais par les souvenirs de ce jour néfaste. Le jeune homme sentait l’énormité de ses crimes et il eût tremblé devant le jugement de Dieu.

Lee Anglais, d’ailleurs, ne se seraient pas permis de le toucher, il était sous la protection de lord Sulton ; aussi William s’accordait-il l’amère satisfaction de les insulter.

Les soldats continuaient à attiser le feu, à rire et à plaisanter des souffrances de leurs victimes.

— Qu’est-ce que cela ? dit le commandant.

Un bruit semblable à un grondement de tonnerre se fit entendre, la terre s’ébranla, les rochers volèrent en éclats, les arbres arrachés du sol s’affaissèrent écrasant plusieurs soldats ; de la caverne s’échappèrent des torrents de flammes mêlés de débris de toutes sortes, roulant, parmi les Anglais affolés, comme un ruisseau de feu. Les cris des bissés, les imprécations des mourants se mêlaient au fracas des arbres et des rochers enlevés et aux rugissements souterrains ; les soldats frappés de terreur, croyant à une explosion de l’enfer, fuyaient dans toutes les directions, abandonnant sans secours les nombreuses victimes.

William n’avait pas été atteint, il pénétra de suite la cause de ce fait étrange qui causait une telle panique