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Les fugitifs pressèrent le pas, malheureusement les soldats leur coupaient la retraite, ils furent aperçus tout à coup.

— Ah ! voici des brigands en chair et en os, s’écria l’officier en s’élançant vers eux suivi de ses hommes.

Les proscrits se trouvaient en face des soldats, il leur était impossible de fuir.

— Rendez-vous, fit l’officier.

— Jamais, répondirent les montagnards.

Ils savaient tous le sort qui les attendait, mieux valait donc périr les armes à la main en vendant chèrement leur vie. Tomy se plaça devant sa femme pour lui faire un rempart de son corps.

William Pody le reconnut ainsi que Colette ; fou de haine et de désespoir, il bondit en avant.

— Traître, assassin, à nous deux, cria-t-il en relevant son revolver, ta vie m’appartient ; lâche, tu mourras de ma main.

Colette pensant que sa vue apaiserait William, se découvrit soudainement, cela ne servit qu’à l’exaspérer davantage.

— À toi d’abord, fiancée infidèle, reçois le prix de ta trahison, s’écria-t-il.

Avant que personne n’ait pu le prévoir, une détonation retentit. Prompt comme l’éclair, Clary s’était jeté entre Colette et la mort ; il gisait à terre, la balle l’avait atteint en pleine poitrine.

Tomy et les bandits, ivres de rage, voulant venger la mort d’O’Warn, attaquèrent les soldats le revolver ou le poignard au poing, une lutte sanglante s’engagea.

Colette, agenouillée près de Clary expirant, essayait d’arrêter le sang qui s’échappait à flots de sa blessure ; il restait au blessé à peine un faible souffle. Le jeune homme saisit de sa main défaillante la main de Colette, l’appuya sur son cœur, il rendit à Dieu sa belle âme.