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crits, hâtons-nous de gagner l’entrée du souterrain, nous allons être surpris.

Clary, avec plusieurs camarades, les rejoignit et ensemble ils essayèrent d’éviter la rencontre des troupes.

— Mes amis, le clairon sonne, il ne s’agit pas cette fois de constables, mais de soldats de l’armée, c’est plus grave. Tomy, tâchez de vous rendre à la caverne avec Colette, nous arrêterons ici la troupe pour quelque temps.

— Non. Clary, répondit la jeune femme, que personne s’expose pour moi ; fuyons tout s’il en est temps encore, sinon je partagerai votre sort.

— Nous avons vu d’autres dangers, s’écria un bandit. Corbleu ! messieurs de l’armée nous connaissent ; moi je ne les crains pas et j’échangerai volontiers avec eux la politesse de quelques balles, on se rouille dans l’inaction.

— La chose sera sérieuse, reprit gravement Clary, un grand malheur plane sur nous, ce jour verra la fin de la race des O’Warn.

— Mon ami, ne dites pas cela, répondit Tomy, ne vous laissez pas envahir par le découragement, nous échapperons comme nous l’avons déjà fait une fois.

Clary secoua la tête en souriant tristement.

— On n’évite pas sa destinée, dit-il. Cette nuit, le spectre des O’Warn m’est apparu ; il parcourait la vallée, son visage était triste, des larmes coulaient de ses yeux, sa main étendue vers la plaine maudissait des ennemis invisibles ; il m’a montré le ciel et j’ai senti au cœur la douleur aiguë d’une blessure. La veille du jour où a été commis le meurtre du landlord, le génie tutélaire de ma famille m’annonça le danger ; je n’ai pu le détourner, il éclate maintenant, c’est la justice de Dieu.

— Mais vous n’êtes pas coupable, fit Colette très émue, vous avez tout fait pour empêcher le crime. Marchons plus vite, j’entends du bruit, ajouta-t-elle.