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tre dans un accès de rage folle, baissa la tôle et se mit A marcher silencieusement.

L’alarme était donnée, les proscrits quittaient en toute hâte leurs cottages et gagnaient les bords du lac, les montagnards répétaient le signal et se réunissaient ; malheureusement quelques-uns étaient éloignés.

— Ils vont nous échapper, dit l’officier, ils se rassemblent de tous côtés.

— Nous les rejoindrons à l’entrée de leur caverne, fit William, tâchons d’y arriver au plus tôt.

Le lieutenant envoya deux soldats informer le commandant du détachement et le prier de faire avancer rapidement ses troupes dans la direction du lac.

Gaspard, toujours calme, présidait aux dispositions prises pour sauver les habitants de la montagne.

— Nous avons été trahis, disait-il, il y aura des victimes. Nos espions n’ont rien su et nous ignorons le nombre de nos adversaires.

Un bandit qui s’était glissé en éclaireur dans les taillis revint au plus vite en disant :

— Chef, ce sont les habits rouges, il y en a beaucoup ; j’ai vu les uniformes et les armes des soldats.

— Et nos compagnons qui ne rentrent pas ! fit Gaspard inquiet.

Colette et Tomy, accompagnés de leurs frères et de quelques amis, s’étaient un peu écartés dans la montagne. La jeune femme prenait plaisir à se promener au milieu des splendeurs de cette nature sauvage qu’embellissaient les premiers charmes du printemps. Elle échangeait avec Tomy de riants projets d’avenir ; l’amour et le bonheur illuminaient de leurs doux reflets l’horizon lointain de cette patrie nouvelle qui allait devenir la leur.

Tout à coup le signal d’alarme se fit entendre.

— L’ennemi est dans la montagne, dirent les pros-