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— Ce sont, je crois, des brigands imaginaire, dit l’officier ennuyé de n’avoir rien à faire.

— Leurs crimes ne sont pourtant pas imaginaires, répliqua William.

— Morbleu ! où se logent-ils donc ? on ne voit pas trace d’habitants.

— Patience, monsieur le lieutenant ; si vous croyez venir à une parade vous vous trompez.

— À la bonne heure, c’est ce que je désire. Mais qu’est-ce que cela ? j’entends du bruit.

Les soldats écoutèrent ; un froissement se fit dans le feuillage ; à l’entrée du sentier, le solitaire parut. À la vue de cet homme vénérable dont la haute taille et l’imposant visage commandaient le respect, la petite troupe s’arrêta.

— Qui êtes-vous ? demanda l’officier.

— Laissez-le, c’est un pieux ermite qui vit loin du monde dans la prière et le silence, répondit William ; ne troublons point son repos.

Au son de cette voix, le vieillard releva la tête et son regard profond se fixa sur le visage du jeune homme qui essayait vainement de se dissimuler.

— William Pody, que venez-vous faire ici ? Comme Judas vous conduisez ceux qui doivent arrêter vos frères. Le sang des traîtres coule dans vos veines, la malédiction de Dieu pèse sur vous ; j’avais pardonné cependant. Seigneur, épargnez les innocents, que les trames des impies soient impuissantes ; s’il vous faut une victime, j’offre les derniers jours d’une vie déjà bien longue.

— Qu’est-ce que ce vieux radoteur ? fit l’officier d’un ton goguenard, que parle-t-il d’innocents et de victimes, nous n’avons que faire d’une vieille carcasse comme la sienne.

Les soldats se mirent à rire de ces grossiers propos