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XIX

TRAÎTRE ET SACRILÈGE


Bien triste fut le lendemain d’une si belle fête. La trahison poursuivait son œuvre ; cette fois l’expédition projetée par le landlord demeura tellement secrète que les montagnards ne se doutèrent point du danger qui les menaçait.

Lord Sulton, ne se fiant pas aux constables du pays, avait obtenu du gouvernement deux compagnies de troupes régulières ; les soldats arrivèrent le matin et l’ordre leur fut donné d’envahir immédiatement la montagne.

William Pody marchait à l’avant-garde servant de guide. On espérait surprendre les bandits. Le landlord avait ordonné de faire le plus de prisonniers possible et de ne tuer qu’à la dernière extrémité. Il tenait surtout à ce que le chef Gaspard lui fût amené vivant.

Les montagnards ne soupçonnant pas ce qui se passait étaient dispersés, les uns pour chasser, les autres s’absorbant dans leurs occupations habituelles. Les troupes avançaient lentement, quelques gibiers affolés fuyaient seuls à leur approche.

Une vingtaine d’hommes commandés par un lieutenant et guidés par William marchaient en éclaireurs, le gros des forces suivait à une certaine distance.