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— Il y a un moyen, reprit l’étranger ; si les Podgey réussissaient à passer en France, nous avons au Havre une succursale ; ils se présenteraient porteurs d’une lettre de moi déclarant que le comité de Dublin les avait acceptés ; on leur donnerait alors les choses nécessaires et on les embarquerait. Pouvez-vous, mon enfant, faire parvenir cette lettre à Willy Podgey ?

— Oui, monsieur, j’espère y arriver ; mon père m’a défendu d’aller du côté de la montagne, mais une circonstance imprévue peut surgir.

— Je compte que vous saurez la faire naître, répondit l’étranger en souriant.

Colette répondit par un signe d’assentiment.

Le monsieur lui remit le papier en question et une petite bourse.

— Voilà, dit-il, pour se rendre en France.

Colette n’avait pas revu Tomy, ni les montagnards depuis la visite de l’étranger ; elle se demandait comment elle ferait parvenir aux Podgey cette précieuse commission ; ce ne fut que lorsque les événements la forcèrent à les rejoindre dans la montagne qu’elle put leur transmettre cette nouvelle qui les combla de joie. Ils se décidèrent à profiter de l’occasion du navire qui faisait le trafic avec les contrebandiers.

Leur départ devait avoir lieu prochainement, Colette se demandait ce qu’elle allait devenir. Elle ne pouvait rester seule en cet endroit et elle ne devait point songer à rentrer à Greenish ; les charges les plus graves pesaient sur elle, sa fuite les avait encore confirmées. Colette, cédant enfin aux instances de Tomy, avait consenti à l’épouser et à le suivre en Australie.

Le mariage devait être célébré prochainement à un village du bord de la côte, dans la montagne on se préparait à fêter joyeusement cette heureuse union.

On était au mois de mars, l’hiver avait disparu, la nature brisant son enveloppe de froidure préparait,