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Greenish ; il se rendit à la chaumière des Podgey qu’il trouva réduite en cendres.

— Qu’est-il donc arrivé ? demanda-t-il à une vieille femme qui gardait ses oies tout auprès.

— Hélas, mon bon monsieur, répondit-elle, les pauvres gens ont été expulsés.

— Podgey m’avait dit que ce malheur le menaçait, j’espérais arriver à temps, que sont-ils devenus ?

— On ne sait pas, monsieur ; le fils aîné Tomy qui a incendié le cottage, comme vous le voyez, avait été arrêté et condamné ; il allait être pendu quand les montagnards sont venus l’arracher au bourreau.

— C’est fort heureux qu’il ait eu des amis de ce côté-là.

— Oh ! lui n’en avait pas, cela vient de Colette Buckly qui portait de l’intérêt à ce garçon-là ; c’est toute une histoire, fit mystérieusement la brave femme qui semblait très disposée à la raconter.

— Cette jeune fille pourrait me dire ce qu’est devenue la famille Podgey !

— Je le crois, monsieur, on prétend qu’elle est restée en rapport avec Tomy.

— Où habite Colette Buckly ?

— Holà ! Japy, cria la bonne femme à un jeune garçon qui jouait à quelques pas, tu vas conduire monsieur au cottage de Colette.

L’enfant bondit sur ses pieds nus et rejetant une poignée de petits cailloux avec lesquels il s’amusait, il se mit à marcher devant l’étranger.

Colette était chez elle et reçut l’inconnu dont elle avait entendu parler par Tomy.

— Ah ! monsieur, que n’êtes-vous venu plus tôt, dit-elle. Les Podgey sont tous en sûreté dans la montagne, mais comment feront-ils pour en sortir sans être arrêtés ? ils ne peuvent pénétrer dans une ville d’Irlande, ni se présenter à un bureau d’émigration.