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II

TOMY PODGEY


Les premières années de Ketty furent tristes et délaissées ; privée des soins dévoués et de l’affection nécessaire à l’enfance, la petite fille s’étiolait dans une atmosphère de froide indifférence.

Willy Podgey ne pouvait lui pardonner d’avoir si fâcheusement détruit ses brillantes espérances ; sa mère la détestait et ses frères et sœurs suivaient ce coupable exemple. Ketty était dans la maison un vrai pâtira.

Si la récolte était mauvaise, le paddy rudoyait sa fille et jurait.

— Sans cette enfant, je serais à la tête d’une ferme importante, tandis que je ne pourrai encore payer mon loyer cette année ; grâce à elle un jour ou l’autre nous serons jetés dehors.

Ketty était trop jeune pour lui répondre que l’espérance seule de sa naissance l’avait préservé une fois de ce malheur.

L’infortunée ne comprenait rien à la haine dont elle était l’objet, elle se retirait à l’écart et pleurait.

Si la nourriture manquait, et ce n’était pas rare, sa mère la battait, lui reprochant d’avoir perdu l’avenir de ses frères et sœurs et d’être une charge pour tous.

— Ketty n’est pas cause d’être une fille, disait par-